3 mars 2014

Des forages de pétrole près d'Ibiza?

L'Espagne intéresse les compagnies pétrolières


Réunion de crise des autorités régionales de Valencia avec le ministre José Manuel Soria (à gauche) sur le « projet Castor » (photo Ministerio de Industria)

Réunion de crise des autorités régionales de Valencia avec le ministre José Manuel Soria (à gauche) sur le « projet Castor » (photo Ministerio de Industria)

ESPAGNE. L'Espagne devient toujours plus attractive pour les compagnies pétrolières internationales. Une tendance qui s'explique par l'augmentation des prix du pétrole conjuguée aux améliorations des techniques de forage. Cela se traduit très concrètement par une augmentation de 80% des demandes de permis de prospection au cours des cinq dernières années, selon les chiffres du ministère espagnol de l’Industrie.
 
75 dossiers en attente d'habilitation sont actuellement au ministère, ou dans les administrations des Régions autonomes, également compétentes dans ce domaine. Avec des intérêts d'ailleurs souvent contradictoires.

Pour le gouvernement central de Madrid, la prospection des sous-sols, sur terre comme en mer, constitue un dossier de première importance en cette période de vaches maigres pour les finances publiques. D'abord parce que l'Espagne importe plus de 99% de ses produits pétroliers. Seul 0,56% du pétrole brut consommé en Espagne a été pompé dans le pays même (0,21% du gaz naturel). La facture des importations énergétiques espagnoles s'élève ainsi à 45 mrds €.
  
Les perceptives de développer cette industrie laissent donc entrevoir de grandes possibilités d’économies. De leur côté, les gouvernements régionaux, dont l'économie reste davantage liée au tourisme, sont plutôt sensibles aux risques écologiques.
A l'affût
Des divergences d'intérêts illustrées par le conflit entre le gouvernement régional des Canaries et le ministre de l'Industrie, José Manuel Soria. Ce dernier vient de se prononcer à nouveau en faveur d'une prospection au large de l'archipel des Canaries, où le groupe Repsol est bloqué par la Région, suite aux plaintes des associations écologistes. José Manuel Soria a remis la pression ces jours-ci en laissant entendre que le Maroc pourrait profiter de ce statu quo pour mener à bien ses propres forages dans ce territoire marin transfrontalier...
 
Les autres grands espoirs de prospection en Espagne concernant le nord de la Péninsule, et surtout la Méditerranée, notamment au large de la Catalogne. Mais là aussi, les autorités régionales se montrent circonspectes, avec une mobilisation d'opposition aux forages qui commence à s'organiser dans les Baléares.
 
Les esprits s'échauffent de quelques degrés avec les graves conséquences du projet « Projet Castor », visant à constituer un immense entrepôt de gaz naturel sous les eaux de Méditerranée, en utilisant justement d'anciennes infrastructures pétrolières, face au Delta de l'Ebre. Le chantier a déclenché une série de secousses sismiques obligeant le ministère de l'Industrie à stopper sine die toute activité sur le site.
 
Dans cette zone au moins, les compagnies pétrolières devront sans doute faire profil bas pendant un certain temps. Ce qui ne les empêchera pas de rester à l’affût des possibilités de prospection.

 
- Doit-on laisser faire ou bloquer ces projets anti-écolo ?

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- Protestation ou soumission?

Ibiza : Une vingtaine de manifestantes espagnoles ont protesté nues à la plage d’Ibiza, en début de semaine, contre un projet du gouvernement de Mariano Rajoy, de lancer des explorations pétrolières dans l’offshore des îles Baléares.

Ainsi, les manifestantes se sont enduites les corps avec une substance noire, symbolisant le pétrole et se sont allongées sur la plage, pour simuler l’échouement des animaux, victimes des marées noires.

Les licences pour le début des explorations devant les plages d’Ibiza avaient été délivrées par le gouvernement espagnol, en janvier dernier.
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