Ben Jelloun - Le plaidoyer de Gaudé pour sauver l'Europe
CHRONIQUE. L'écrivain loue le livre « Nous, l'Europe, banquet des peuples » de Laurent Gaudé, où le Goncourt 2004 clame haut et fort : « Je suis européen. »
Par Tahar Ben Jelloun
Publié le | Le Point.fr
Pas besoin d'être un génie pour comprendre que l'Europe est une chance formidable pour les citoyens de 27 pays. Une chance qu'il faut accepter, aimer et développer. Il suffit d'imaginer par exemple une France seule, bien repliée sur ses frontières, entourée de voisins qu'elle perçoit comme des États hostiles ou menaçants, contente de sa monnaie qu'elle peut dévaluer quand cela l'arrange ou même l'imprimer à volonté et tourner en rond parce que sa solitude est un aveu de défaite. L'Europe est une ambition en devenir tout le temps, depuis qu'elle a été pensée, imaginée après la guerre. Aujourd'hui, elle a grossi et a du mal à avancer. Ce n'est pas une raison suffisante pour la briser et la détruire, faisant ainsi le jeu de Donald Trump qui a déclaré que « l'Europe est l'ennemi » ainsi que celui des Chinois en train d'investir partout où leurs intérêts les guident et voient en cette entité un concurrent à abattre.

La couverture du livre « Nous, l’Europe, banquet des peuples » (Actes Sud).
Tout écrivain est témoin de son époque. Il est normal que Laurent Gaudé ait écrit Nous, l'Europe, banquet des peuples (Actes Sud), un long poème, un plaidoyer pour sauver cette dame, pas très vieille, mais qui souffre d'arthrose et d'autres maux dus à quelque maltraitance (qui sera mis en scène au Festival d'Avignon 2019, NDLR). Il le fait en poète courageux, qui dresse d'abord un tableau inquiétant puis nous dit avec élégance ce qu'il faut faire pour que l'Europe renoue avec ses valeurs et son destin.
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